Mon aventure marathon
D’habitude on ne rend compte que des courses. Pour une fois, je voudrais
aussi rendre compte de la préparation pour encourager tous ceux qui
veulent se frotter au marathon tout en le redoutant.
Donc je suis parti sur une prépa de 10 semaines avec comme demande
expresse à notre coach Marc Guichard de ne pas dépasser 3 séances par
semaine, car je sais mes articulations fragiles et je voulais à tout
prix les ménager.
Les deux premières semaines se passent bien puis, petit à petit une
douleur s’installe de plus en plus présente sur le haut de mon tibia
gauche.
Semaines 3,4,5 : je continue le programme en serrant les dents plus ou
moins fort selon les séances et en espérant que le problème
disparaisse.Hélas, pas d’amélioration. Je me décide donc à consulter mon
médecin du sport qui ne décèle rien de particulier et qui m’incite à
retourner voir mon podologue pour me faire faire de nouvelles semelles.
Résultat nul, je continue à souffrir mais à courir quand même.
Semaine 6, un tournant dans ma préparation. Entrainement du mercredi :
impossible de courir plus de 10 minutes. La souffrance est telle que je
suis contraint d’arrêter dés l’échauffement. Je fais l’impasse sur le
reste de la semaine de préparation spécifique et je me vois contraint
d’abandonner ma séance la plus longue qui coincidait avec le semi de
Rueil-Malmaison. Dans mon esprit c’est fini. Je ne courrai pas ce
marathon de Cheverny.
C’est dur de renoncer mais par correction, je retourne le mercredi de
la
semaine 7 avertir Marc Coach de mon forfait. Au détour de notre
conversation, Marc me fait remarquer que si je n’ai pas de douleur à
vélo, je peux tenter de continuer le programme en pédalant et à
condition de forcer un peu sur le cardio… je n’y crois pas trop mais
c’est ma dernière lueur d’espoir de ne pas voir tous les efforts fournis
jusque là ne servir à rien.
Je reprends donc mon programme de la semaine 7 en vélo de ville et sous
la pluie. En guise de 2h45 à Rueil, je fais 3h de vélo entre le stade et
le parc des Chantereines !!
Ma douleur au tibia s’est un peu estompée et je tente de reprendre en
courant les séances
des semaines 9 et 10, qui sont plus légères, en les
espaçant rigoureusement de 72h. L’objectif à ce moment là est de pouvoir
me présenter sur la ligne de départ du marathon. Objectif que je
parviens à atteindre le 2 Avril ; c’est une première victoire !
Sur cette fameuse ligne de départ, je n’ai plus d’objectif de temps.
J’ai passé une bonne nuit, sans pression et j’espère juste pouvoir
arriver au bout de ces 42,195 km en prenant un petit peu de plaisir.
J’ai dans les jambes une préparation sur 4h faite à l’arrache et une
sortie longue de 2h15 réalisée avec mon ami Pierre en nous perdant
heureusement dans la forêt de St-Leu, sinon c’était 1h30.
Cheverny, 9h du matin. Le départ est donné, je suis les meneurs d’allure
des 4h pendant les 4 premiers kilomètres. Au passage du 3, le tuyau de
mon camel bag s’est pincé et à la première aspiration de boisson
énergisante rien n’arrive. Arrêt, remise en place du tuyau, puis reprise
de la course. Je me sens bien. Au 5eme kilomètre , voyant que ça
piétine un peu trop derrière les meneurs d’allure et pour éviter tout
risque de blessure, je décide de passer devant. Là il y a plus d’espace
pour courir et je creuse petit à petit un écart conséquent. Il faut que
je fasse cependant attention car un coureur fort sympathique déguisé en
Marylin Monroe court en diffusant de la musique ; ça donne envie de
l’accompagner mais ça fausse le rythme de course, je m’en rend compte et
je le laisse partir sans moi : adieu mes envies de plaisir, l’envie
d’atteindre l’objectif de la prépa me reprend… tout va bien jusqu’au
26eme kilomètre. Là, je rentre dans l’inconnu, je n’ai jamais couru
aussi longtemps.
Au 28eme, ma montre me signal que j’ai effectué le dernier kilomètre en
6’ alors que je tournais jusque là autour de 5’35. Je mesure l’alerte au
même moment que les flambeaux des 4h me rattrapent avec toute la
cavalerie qui l’accompagne ! Je sens mes jambes de plus en plus lourdes
et mes cuisses douloureuses. Je m’accroche pour suivre les meneurs
d’allure. Chaque kilomètre est un combat et l’envie de marcher me
titille de plus en plus.
Les meneurs d’allure sont 2 et je tiens à leur rendre hommage. L’un tire
les plus vaillants pour les faire passer sous la barre des 4h et
l’autre es un peu en retrait pour permettre aux coureurs en perdition de
se raccrocher à lui comme à une bouée de sauvetage. Ils nous
encouragent et nous tiennent pour ainsi dire à bout de bras.
De mon coté je me motive en me disant que sans crampes, sans blessure et
sans ampoule ouverte, je n’ai pas le droit de lâcher pour des douleurs
aux cuisses… mais c’est dur…
Arrive le dernier kilomètre et je pense à une citation de Woody Allen : «
l’éternité c’est long, surtout à la fin… », je me dis que le marathon
c’est un peu pareil. Le meneur d’allure nous encourage et nous dit de
tout lacher pour grapiller encore quelques secondes. Je trouve je ne
sais comment de quoi terminer en
3h58’37’’, sous la barre des 4h que
m’encourageait à atteindre l’expérimenté Didier.
J’ai été au bout du bout et il m’a fallu 20 bonnes minutes pour commencer à récupérer.
J’espère que cette modeste expérience inspirera les aspirants
marathoniens dans leur quête. Dites vous que même dans le doute, on peut
trouver des ressources qu’on ne soupçonnait pas.
Fourbu mais content, je souhaite tout le meilleur aux participants du Marathon de Paris le 9 Avril.
Big Up à Sabine pour son premier Marathon !!
P.S : clin d’œil du destin, il y a un an jour pour jour je me faisais une entorse sur le trail de Jouy en Josas !!
Amaury